Anecdote du soir :
Je viens de recevoir un message via Messenger. Ça m’a l’air grave… 😱😱😱.
« Christelle, je dois reconnaître que je vous aimais bien au début. Peut-être, aurais-je dû me méfier de cette lueur dans vos yeux, de ce sourire passionné, de cette caverne d’Ali baba débordante de livres … Peut-être, oui…
Parce que c’est vous que j’accuse ! Vous qui avez arrangé le premier rendez-vous de ma femme avec lui. Un simple SMS, suffisamment ambigu pour qu’il passe inaperçu dans le flot des communications instantanées et inutiles de notre époque : « Il est arrivé, il vous attend ». J’aurais dû remarquer l’agitation de mon épouse, son empressement à remiser son ouvrage, à se faire belle, à se parfumer… J’aurais dû. Oui. C’est plus facile à posteriori, bien sûr, d’assembler tous ces minuscules détails qui aujourd’hui prennent toute leur signification. Elle est partie vous retrouver donc ; je ne m’en suis pas offusqué, j’avais confiance en elle, j’avais confiance en vous. C’est peut-être ma plus grande faiblesse : croire en la nature humaine, en son essence fondamentalement sincère et charitable. Comment pouvais-je imaginer qu’elle avait en fait rendez-vous avec lui ? Comment aurais-je pu prévoir qu’elle allait passer des heures avec lui alanguie sur toutes sortes de canapés, sirotant un thé dans un bar sans âme ou même lovée dans notre lit bien au chaud sous une couette épaisse ? Oui c’est à cause de vous que tout est arrivé. La semaine puis le week-end, le matin, à midi ou le soir. Elle l’a fait entrer dans notre maison à mon insu d’abord puis ouvertement. Il s’est installé entre elle et moi, sans vergogne, sans aucune gêne. Elle le dévorait des yeux pendant que j’étais là, à quelques mètres d’eux dans la même pièce. Ils passaient des heures ensemble, lui sur ses genoux, elle le caressant. Ils étaient encore ensemble lorsque je m’endormais. C’est vers lui qu’elle se tournait d’abord quand elle se réveillait. Ces derniers jours furent épouvantables. Je n’existait pour ainsi dire plus et ce qui devait arriver arriva : ce soir, je suis seul.
Ma femme est partie avec lui.
Il tenait à lui présenter son père ; elle n’a pas hésité longtemps, elle a compté jusqu’à quatre, comme un compte à rebours. Ils ont pris le train tous les deux pour Lyon. Ils vont probablement passer la nuit ensemble chez une amie.
Tout est arrivé à cause de vous.
Christelle, je dois reconnaître que je vous aimais bien au début… mais je déteste la sortie d’un nouveau livre de Paul Auster. »